Diamond T-969A "Wrecker" de 1942.

Je vous présente sur cette page mon plus gros véhicule : un camion de dépannage et de manutention de marque DIAMOND, modèle 969A (couramment appelé Wrecker) avec cabine fermée typique des productions antérieur à 1943. Bien que je ne connaisse pas sa date de production exacte, il semblerait, d'après son numéro de châssis, qu'il soit sorti des chaînes de production fin 1942.

Ce type de véhicule était utilisé pour le dépannage de camions de la classe dite moyenne (medium) c'est à dire Dodges, Chevrolet, GMC, Diamonds et autres véhicules d'une charge utile inférieur à 4 tonnes.

Voici donc le début de l'histoire. Après avoir acheté le camion il restait à trouver un moyen de transport. Il me fallut donc savoir quelle boîte à chaussure il allait nous falloir pour le rapatrier (Merci à Rudyboy pour sa superbe esquisse et les précieuses dimensions) :

Toutes les mesures étant prises c'est au tour de mon ami Marc (ASIMEXX) d'entrer en scène : comment faire rentrer un Diamond dans une semi remorque bâchée traditionnelle? Même moi, qui suis de nature plutôt optimiste, je n'y croyais pas... Eh bien Marc l'a fait !!!  et pourtant il ne restait que 10mm d'espace de chaque coté... Voici l'arrivée du camion :

Malheureusement il fût nécessaire de couper les supports de la barre de remorquage qui se trouvent normalement sur le coté droit de la caisse pour qu'il puisse rentrer au chausse-pieds dans la semi :

Un nouveau problème se posait : comment sortir un camion de 10 tonnes d'une semi-remorque se trouvant à 1 mètre du sol. Après avoir arpenté toutes les zones industrielles du secteur, je n'avais trouvé aucun quai de déchargement approprié, pouvant à la fois accueillir une semi-remorque et ayant une taille et une résistance suffisante pour pouvoir en descendre avec un Diamond de 10 tonnes. Restait alors ce mur solide, trouvé dans un village avoisinant, mais se trouvant malheureusement au beau milieu du village, et qui de plus est, au bord de la route principale :

Qu'à cela ne tienne, ce n'était pas ce petit désagrément qui allait nous arrêter : un MP à chaque bout de la route et un petit bouchon le temps de sortir l'engin de sa boite à chaussure :

Je n'avais jamais conduit ce genre de camion jusqu'alors. C'était donc un peu anxieux que je me mettais au volant du Diamond et que j'actionnais de démarreur. Le moteur parti au quart de tour ! J'enclenchais la marche arrière et c'était parti ; pas facile de faire une manoeuvre en douceur avec si peu de marge et un camion qu'on ne connait absolument pas. Mais bon.... un peu de sang froid et on y va...

Les premières roues touchent le sol :

Tout le train arrière est sorti. Ouff, le plus dur est fait...

..et voici la grosse bête qui a retrouvé le planché des vaches :

Pour la suite, c'est de nouveau un peu l'angoisse : il fallait  parcourir environ 15km pour rejoindre le local de stockage du club. Muni d'une assurance provisoire, d'un jerrican d'essence et de beaucoup de courage je me lançais sur la route. Les premiers passages des rapports étaient un peu laborieux mais après 2-3 km j'étais déjà à l'aise. Finalement il se laisse conduire aussi facilement qu'un GMC. Par contre au freinage il faut y aller vraiment doucement : avec les freins à air une petite poussée sur la pédale suffit pour stopper net le camion...

Nous voilà arrivé au local :

Il a quand même fière allure avec sa grosse calandre et son treuil impressionnant :

Petite vue sur le tableau de bord relativement complet mais malheureusement "francisé" : le compteur, les plaques, les tirettes et les voyants ont été remplacés par du "french made" mais la peinture kaki semble encore être d'origine US :

Le moteur semble complet et en bon état, quoi que pas mal rouillé pour cause de manque de peinture et de stockage à l'extérieur depuis 2 ans. Par contre,  je détectais rapidement un problème sérieux : le collecteur d'échappement est cassé au niveau du 4ème cylindre :

Les grues arrières sont en très bon état et n'ont visiblement pas beaucoup servi :

Eh voilà : il a trouvé sa place à coté de son petit frère, mon fidèle GMC cckw353, construit la même année 1942 :

 

Les premiers travaux commencent... Les tuyauteries de freins sont en mauvais état et à remplacer :

   

Le caoutchouc est poreux et craquelé

   

Les nouveaux flexibles viendront les remplacer !!!

     

Les nouveaux flexibles sont remontés :

Nous allons maintenant nous attaquer au compresseur d'air pour freins en retirant d'abord sa culasse :

 

Un test à l'air comprimé révèle rapidement une fuite au niveau du clapet du premier cylindre :

Bizarrement ce clapet est assez oxydé alors qu'au niveau du deuxième cylindre il est impeccable. De même, la portée du 1er clapet demande à être rectifié :

    

Travail de rectification du siège de clapet réalisé par mon ami André (merci à toi!!!) :

     

Un nouveau joint (fait maison) et l'on peut remonter :

  ....réparation terminée !!!

Lors du démontage du filtre de prise d'air du compresseur j'ai eu la bonne surprise de trouver sur sa face arrière des restes de la peinture grise d'origine. Cette pièce me servira de référence pour faire fabriquer une peinture de teinte identique :

Nouvelle étape : démontage de la ligne d'échappement et des collecteurs. Pas facile d'ouvrir des écrous grippés et brûlés. Au final 2 goujons sont cassés et devront être réparés :

Le collecteur d'échappement est fortement oxydé et une des sortie est cassée :

Le collecteur d'admission et un autre collecteur d'échappement d'occasion en meilleur état sont restaurés :

Un nouveau faisceau de câbles de bougies est réalisé :

Démarreur et dynamo sont déposés :

     

Toutes les étiquettes sont encore présentes et en bon état :

Encore une pièce défectueuse : le bloque de décharge des freins arrières. Un bon nettoyage et rodage de la soupape seront nécessaires :

Une vitre a du être remplacée. La nouvelle est remonté dans le cadre restauré :

Nouvelle étape : le coté droit du moteur est nettoyé et repeint :

Après nettoyage, les accessoires moteurs sont peint en anti-rouille :

Le démarreur est terminé (mise en peinture, nettoyage des balais et du rotor, graissage de roulements, resserrage des cosses) :

Le régulateur de vitesse est lui aussi terminé :

Nouvelle étape : le démontage des pneus, opération réalisée par Christian, un professionnel très sympa de la société ACERVY  et équipé des tous les outils nécessaires pour cette lourde tâche :

Les 12 jantes au retour de sablage :

  

3 différentes marques de fabricants on été retrouvées : GOODYEAR, BUDD et MOTORWHEEL :

 

Une couche d'apprêt époxy puis du kaki polyuréthane bi-composants :

    

 

Cercle de verrouillage marqué FIRESTONE et daté de Décembre 1942 :

Le remontage des accessoires moteurs :

2 vidéos des premiers essais après remontage des accessoires moteur:

Vidéo (cliqué sur le lien en bleu) : Les premiers essais moteur

Vidéo (cliqué sur le lien en bleu) : Ça y est : le camion peut à nouveau se déplacer par ses propres moyens

Le grand jour du rapatriement depuis son lieu de stockage vers mon jardin, le tout sous une pluie battante:

Vidéo (cliqué sur le lien en bleu) : Diamond T969 "le rapatriement"

Vidéo (cliqué sur le lien en bleu) : On the road to Sarreguemines

Vidéo (cliqué sur le lien en bleu) : Diamond T969 "déchargement remorque M10"

Vidéo (cliqué sur le lien en bleu) : Diamond T969 "L'arrivée au Bercail"

La rouille s'est logée sous une traverse de renfort de la caisse ; il faudra la dessouder pour la remettre en état :

La rouille s'était bien installée...

Le renfort est redressé et peint :

Le poste de pilotage :

Les sièges sont encore d'origine :

...tout comme les portes fusils qui n'ont jamais été repeints :

Peinture d'époque à l'arrière des éléments qui n'ont visiblement jamais été démontés :

La boite de vitesse avant nettoyage :

...et après nettoyage :

Je profite du fait que les grues fonctionnent encore pour restaurer les dessous d'une remorque Ben Hur :

Enfin d'accéder au châssis et en dessous de la caisse, celle-ci est retirée du camion. Pour voir la vidéo,  Cliquez ICI

 

Nettoyage du châssis et des ponts arrières, d'abord à l'eau chaud + dégraissant, puis grattage, puis ponçage :

Mise en peinture (apprêt époxy) :

Puis une couche de kaki polyuréthane :

... et la couche finale "Olive drab" :

Nettoyage et mise en peinture des boites (vitesses et transfert)

Nettoyage du pont avant et de l'avant du châssis :

Pont daté du 25 juin 1942 :

Nettoyage des grues :

La flasque d'entrée du pont intermédiaire était fissurée et sa clavette cassée. Il a fallu en faire refaire une neuve car pièce introuvable.

A droite l'ancienne et à gauche la nouvelle :

Fabrication d'un outil pour retirer les chapes d'entrée des ponts :

Remplacement des différents joints spi :

... pour certains, l'utilisation d'une presse d'atelier fût nécessaire :

Après les ponts arrières je m'attaque au pont avant :

Prise de force entraînant par chaîne le mécanisme des grues :

Un des joints spi de la boite de transfert :

Remplacement joints spi de la prise de force du treuil :

Les ponts TIMKEN sont datés de 1942 :

Vidange et nettoyage à la vapeur des bouteilles d'air des freins :

 

Ponçage du dessous de la caisse : Cliquez ICI

Mise en peinture  de la caisse (apprêt époxy) :

...puis une première couche de kaki polyuréthane :

... et enfin la dernière couche de peinture OD mat :

Démontage des caissons droit et gauche :

(la rouille s'est installée entre les éléments de carrosserie) :

Dernier voile de peinture sur les roues

Nettoyage des transmissions :

Croisillons SPICER :

Ecrous de roues de marque BUDD :

Restauration des grues :

Un bras légèrement plié doit être redressé :

Crochets de grues de marque "Pioneer" :

... et crochets des jambes de forces de marque "American Chain Co. Inc." :

Petite astuce pour pouvoir nettoyer les chaînes :

Nettoyage des poulies et guides :

Je m'attaque à la cabine :

Restauration du capot et du radiateur qui sont encore en très bon état :

Restauration de l'intérieur de la cabine :

... puis de l'extérieur :

Les cadres de pare-brises sont bien rouillés :

... mais après un bon traitement et mise en peinture ils sont prêt pour le remontage :

Il est maintenant temps d'attaquer la caisse arrière :

Pour pouvoir mettre en place le réservoir, il  fût nécessaire de remonter la cabine à l'aide d'un cric :

Nettoyage du pare-choc :

Montage des derniers éléments de carrosserie avant peinture finale :

... et c'est parti pour la peinture finale :

Pare-brise DUOLITE daté de septembre 1942 :

restauration des boutons du tableau de bord :

Câblage électrique du compartiment moteur:

Le travail le plus intéressant et qui marque la fin de la restauration  : les marquages (refait à l'identique) :

8 ans se sont écoulés entre l'achat et la fin de la restauration. D'innombrables heures de recherche de pièces, de travaux, des coups de blues, des franches rigolades, des retards dus à des travaux imprévus ou à des intempéries...  mais au final un superbe camion très agréable à conduire.

Un grand merci à toutes les personnes qui ont contribué à cette restauration, que ce soit par la fourniture de pièces, la réalisation au tour de pièces introuvables, un coup de main pour les travaux, le prêt d'outillages divers, des conseils, etc...

Je ne citerai que Sébastien qui m'a vendu ce camion, Marc (organisation du transport), mon père Raymond (toujours fidèle au poste), Ed (qui a fait toute la partie électrique et plus encore), Bertrand (pour qui rien n'est impossible), Holger (ponçage, marquages et déco), Claude, Fred, André, Philippe, Silvano et tous les autres qui se reconnaîtront.

 

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Et c'est parti pour la première sortie, le 8 Mai 2015 à Bitche :

La potence avec des fers "I" marqués Tennessee -U-S-A-

Calendrier de Mai 1944 :

Remorquage du Chevrolet :

Vidéo du départ :  cliquez ici